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De nouveaux récits pour un nouveau monde ?


Photos ACV : De Klimaatdichters, Caroline Lamarche, Laurence Vielle.


Nos récits


Nous sommes intimement construits par les récits du monde : sciences et croyances parfois mêlées, hiérarchie ou circularité, monoculture ou biodiversité, supériorité de l'humanité, de l’Homme avec ce grand H qui dit tant des rapports de genre, ou considération du vivant non-humain.

 

Nous sommes plus ou moins contraints par les récits sociétaux qui nous ont précédé ou par l’écoute qu’on porte sur ceux que nous voulons amener. Aujourd’hui cependant, il semblerait que les récits que les lecteurs et lectrices de ce blog portent reçoivent une meilleur écoute et puissent davantage essaimer.


Les invitations à dire

 

En parallèle de cette émergence, certaines personnalités nous invitent à faire davantage entendre nos récits inspirants. Chez EFDD, alors que notre outil pédagogique « Apprendre la résilience territoriale » était encore dans les cartons, nous étions allés écouter en équipe Arthur Keller, qui était invité à La Reid. Pour lui, un des activateurs de la résilience était le porteur et la porteuse de nouveaux récits.


En novembre dernier, nous avons répondu à l’invitation du Conseil fédéral du développement durable (CFDD) pour la célébration de ses trente ans en nous rendant à une soirée sur le thème : « durabilité et climat dans la littérature ». Nous vous invitons vivement à consulter leur compte-rendu détaillé, et à cliquer sur les liens vers des photos, les textes des intervenant·es (ainsi que leur bio), leurs vidéos, etc.


« Nous inspirer [...] par désir »


Qu’en avons-nous retiré qu’il nous a paru intéressant de partager ici ? Tout d'abord l’invitation donnée par Geert Buelens : « Ce qui pourrait nous inspirer, non seulement par peur, mais aussi par désir. »


L'auteur a brossé un certain panorama littéraire en éclairant la manière dont la fiction climatique impactait nos imaginaires et nos actions. Ainsi, dans un certain nombre de romans du 20e siècle, la voiture est un symbole de liberté et de progrès. Nous avons tous lu ces livres, nous les étudions encore en classe. Notre imaginaire touché peut vouloir acquérir le symbole pour acquérir la fonction. Difficile, sans réexaminer l'imaginaire, de toucher à la voiture pour certains (hormis les questions d'usage réel, qui peuvent être mutualisés).

 

Pour le 21e siècle, Geert Buelens relaye le propos de Kim Stanley Robinson (« The Ministry for the Future », publié en 2020) dans lequel l’auteur, comme un « géographe du futur », nous donne des directions possibles. Une vision d’avenir : ce qui nous donne envie d’y arriver, ce qui pourrait nous inspirer… Ainsi :

 

« Quel mal y aurait-il à vivre dans des villes vertes, où il y aurait des rangées d'arbres non seulement dans les quartiers riches, mais aussi dans toutes les rues ? […] Où les auvents urbains sont remplacés par de minuscules forêts peuplées d'abeilles, d'oiseaux et de papillons. Où l'on consomme des aliments plus nutritifs et de saison, cultivés localement, non pas dans un but lucratif mais pour nourrir la population et assurer la subsistance des agriculteurs. »


L'expression de notre résonance au monde

 

Pour Caroline Lamarche, nos récits se construisent également par l’accessibilité directe à la nature. Dans ses propos, nous ressentons la résonance avec le monde et l’enchevêtrement du vivant : « un tissage rhizomatique pour un résultat choral ».

 

Elle nous invite à re·lire des auteurs moins contemporains et tout aussi inspirants. Ainsi Tchekhov, « dont le souci de la nature à l’ère de l’industrialisation et de l’urbanisation des campagnes se reflète dans sa correspondance et dans son œuvre, par exemple dans La Cerisaie, cette cerisaie que l’on va abattre pour y construire des villas ».

 

Elle rappelle les paroles des anciens, exprime la beauté en résonance, et elle expose également les récits du réel invisibilisé comme celui des personnes inondées en 2021. Les personnes précaires sont davantage touchées par les dérèglements climatiques : « sur un fil, dès qu’il y a une crise, ils basculent ».

 

Toujours l’eau, de Françoise Deprez (photos) et Caroline Lamarche (textes) :

 

« Donner une voix au paysage »


Moya De Feyter et les Poètes du climat ont souhaité « lutter contre la fatigue climatique » en proposant d’autres interventions. Les Klimaatdichters œuvrent par leur écriture (voir en lien le beau « Ensemble »), mais aussi par l’inscription poétique dans la nature.


« Pour donner une voix au paysage », des ensembles de feuilles, de coquillages, des brindilles réarrangées composent des mots, des phrases dans un champs, en lisière de forêt : https://www.klimaatdichters.org/videoproject

 

Et « toi, toi »


Avec son énergie tellement vivante, Laurence Vielle nous a donné ses poèmes de la Terre, du souffle, des forêts ; dans l’un d’eux, elle nous a interpellé avec générosité « toi, toi » ; ensemble, nous avons participé, et nous avons : « désherbé, désherbé, désherbé, ras, ras ras »…


En écho avec les arbres urbains de Kim Stanley Robinson, on retrouve dans les liens du CFDD le poème de Laurence Vielle et d'Aurélien Dony « C’est une ville avec des arbres » :

 

« […]

Et on disloque les pelures de béton qui étouffent la terre

on pulvérise les macadams on broie l’asphalte

on désagrège le bitume on charpie le goudron

on fracasse les revêtements

et on plante là et là

et à gogo et à foison

un arbre un arbre un arbre

un arbre encore un arbre

et nous sommes là où les arbres

tolèrent que nous soyons

[…] »

 

Une fresque des nouveaux récits


À noter aussi l’existence de la fresque des nouveaux récits à laquelle a participé Steve Tumson, notre coprésident. Peut-être l'occasion d'un prochain article de blog :)

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